Je vais chanter le rôle de Vincenette, la soeur du personnage principal Vincent, l’amant de Mireille.
Vendredi 22 juin 2018 à 20h Salle Frank Martin, Genève, Suisse
Metteur en scène – M. Alexander
Vincenette – Larissa Rosanoff
Mireille – Marion Décorvet
Ourias – Sacha Michon
Vincent – Louis Zaitoun
Ce mois-ci (juin 2018) je suis soliste au sein d’un bijou très rarement interprété de Charles Gounod – l’opéra “Mireille”. Nous savons que Gounod était une personne profondément chrétienne et donc, jusqu’en 1848, il n’a composé que des oratorios et des messes. Il a été dit que comme résident à la Villa Médicis à Rome (après son premier prix à la compétition de Rome), il portait une soutane! Toutefois, à partir de 1851, il commence à écrire des opéras (Sapho, Nonne sanglante, Le médecin malgré lui et Faust) – ni le succès public ou critique! C’est assez difficile à croire étant donné le succès mondial de Faust et Roméo et Juliette ces derniers temps ;-). Gounod est profondément affecté par ces “échecs”, mais il ne se rend pas. En 1859, il découvre le poème “Mirèio” écrit par le poète provençal Frédéric Mistral. Il est profondément touché par cette ode à l’amour et à la paix et écrit immédiatement à Mistral pour son approbation à écrire un opéra basé sur ce poème. Non seulement Mistral répond immédiatement, mais ils décident aussi que Gounod viendra en Provence pour écrire l’opéra – il arrive à Saint Remy en 1863. Gounod fait un véritable pèlerinage sur place en visitant Baux, Arles, Vas d’Enfer, Maillane, Saintes Maries de la mer, mais il choisit Saint-Rémy (comme un certain Van Gogh) pour s’installer et travailler sur son opéra (Hôtellerie de Ville-Verte, près de la place d’Armes). Malgré le secret, toute la ville est au courant de l’arrivée de Gounod lorsqu’un piano à queue est livré au deuxième étage de l’hôtel Ville-Verte. Gounod aime tellement l’endroit, que dans 6 semaines l’opéra est terminé. Il écrit à sa femme que la Provence est la “France italienne”. Gounod s’est inspiré non seulement des mélodies populaires qu’il a entendues en Provence (comme la chanson folklorique “Margarido, ma mio” pour le duo Chanson de Magali dans l’Acte 2), mais en tant que peintre il a également passé de longues heures à peindre le paysage. dans les mêmes endroits que Van Gogh). De retour à Paris, il parle de la Provence comme d’un véritable “paradis sur terre, pas encore contaminé par la présence des touristes” :-).
L’histoire de Mireille est celle de la fille du riche Maître Ramon, tombant amoureuse d’un pauvre garçon Vincent. Ramon (le père de Mireille) veut qu’elle épouse la riche Ourrias, mais elle refuse. Angry Ourrias blesse Vincent, et Mireille va prier les Saintes-Maries, mais épuisée par la route, meurt dans les bras de Vicent devant la chapelle des Saintes-Maries de la Mer.
“Mireille” est d’abord présentée aux amis proches de Gounod – Georges Bizet joue du piano, Camille Saint-Saëns à l’harmonium, Gounod chante des parties d’hommes (il a une belle voix de baryton), Vicomtesse de Grandval chante les parties féminines. La première se déroule en 1864 au Théâtre Lyrique et malgré la belle musique, est critiquée pour sa structure (5 actes), fin tragique (la mort de Mireille) et “Wagnerism” (Personnellement, je n’entends aucun “wagnérisme” dans cette belle la musique ;-).
L’opéra a été revisité en 1889 en 3 actes (coupant ainsi beaucoup de belle musique) et avec une fin heureuse (Vincent et Mireille se marient). Cette version reçut 225 représentations à l’Opéra Comique à la fin de 1894, et ce n’est qu’en 1941 que la version originale fut finalement jouée à Arles. C’est dommage qu’entre-temps une musique originale ait été perdue (aria de Crau et la mort de Mireille) et on ne sait pas si la version originale utilisait des dialogues parlés ou des récitatifs.
L’opéra est aujourd’hui très populaire pour sa beauté musicale mais rarement donné, l’Opéra de Paris par exemple l’a créé en 2009 et est presque totalement absent des opéras non français.